ton sale caractère ; Je suis quelqu'un de bien trop complexe pour me présenter. Les divers psychologues ayant étudié mon cas - sans savoir qui j'étais bien évidemment - m'ont décrit ainsi : méticuleux, je ne laisse jamais rien au hasard et prend toujours mon temps dans ce que j'entreprends. Je ne peux pas les contredire, j'aime le travail bien fait. Légèrement perturbé, j'aurais eu une enfance terriblement effrayante et traumatisante, à tel point que j'en ressens le besoin de faire du mal aux femmes. Pathétique. Je n'en ressens pas le besoin. Juste l'envie et le désir. Certains sont accrocs à la nicotine, moi au sang - que puis-je y faire ? Je serais également misogyne. Cela me fait rire à vrai dire.

Je me considère plus comme une personne créative. Quelqu'un qui utilise la photographie pour illustrer la beauté de la mort. Je ne suis pas si différent de vous, croyez-moi. Nous avons tous une part de noirceur en nous. Ce qui me rend complexe aux yeux des autres, c'est que j'ai choisi de la laisser parler.

signes distinctifs ; Que l'on soit clair, je ne peux vous donner ces signes. Croyez-vous que je sois idiot ? Vous dire ce qui me caractérise ne ferait que vous aider à me trouver, ou à renforcer vos suspicions.

un souvenir particulier ? - - Le souvenir du sang. La première fois que je l'ai senti. La première fois qu'il m'a effrayé. Et émerveillé en même temps. Une découverte qui change une vie - qui change un homme.

un rêve inavoué ? - - Légèrement sadique, j'adorerai pouvoir confronter les familles de mes victimes. Leur raconter exactement pourquoi leurs filles, leurs soeurs, leurs nièces ou leurs mères. Comment. En détails. Oui, psychotique penseriez-vous. Mais c'est mon rêve inavoué.

un vice caché ? - - Il l'est pour tout le monde. Ce vice, je suis seul à l'assouvir - enfin... mes fidèles sont les seuls à le connaitre et à le concevoir.

une addiction à avouer ? - - Elle n'est plus à avouer semble-t-il. Je n'ai jamais pu me passer de l'odeur du sang. Ni de l'odeur de la peur. Je n'ai jamais su y résister. Cela m'a souvent placé dans de drôles de situations - qui sait où je serais aujourd'hui si je n'avais pas réussi à contrôler cette addiction, tout en la satisfaisant. Tuer. Tuer, c'est une drogue. Un besoin. Viscéral. Vital.

vous et le Photographer ? - - Petit rire sarcastique et légèrement doucereux - effrayant.

Je ne suis pas un héros. Je ne suis pas une célébrité. Je ne suis pas quelqu'un de si différent des autres - je me fond très bien dans l'ensemble d'ailleurs. Petit clin d'oeil. Cela dit, j'aime dépasser mes limites. J'aime perfectionner mon art. Certains diraient "oui, bien sûr, comme tout à chacun". Pas totalement. Je n'ai pas peur d'aller au bout de ce que j'entreprends. Je n'ai pas peur des conséquences que cela implique. Au contraire. Cela me fortifie et m'exalte. D'autres diraient que je suis tout simplement fou et qu'il me faut être enfermé. Soit.

Je ne suis pas né dans un univers ensanglanté. Je ne suis pas né dans une famille névrosée ou totalement torturée. Je n'ai pas eu l'une de ces enfances sombres. On ne m'a jamais maltraité. On ne m'a jamais éduqué dans la noirceur. Je suis juste né avec. Pourquoi faudrait-il un passé morbide pour expliquer mon art ? J'ai lu et entendu diverses critiques me concernant - laissez-moi vous dire une chose : foutaises. On croit me cerner, mais je suis trop complexe et énigmatique pour cela. Non, mesdames et messieurs, je n'ai pas vécu de traumatisme particulier qui aurait pu expliquer mes actes. Mes vices. Comment vous l'expliquer ?

Votre vice, quel est-il ? La gourmandise ? L'avarice ? L'orgueil ? La luxure ? L'envie ? Peu importe. Ce que vous ressentez lorsque vous l'assouvissez, ça n'a pas de prix, n'est-ce pas ? Il n'y a pas à chercher plus loin. Ce que je ressens lorsque je me retrouve face à l'une de ces femmes, lorsque j'assouvis mon désir et mon vice, ça n'a pas de prix. Quoi ? Vous vous attendiez à entendre les divagations d'un pauvre fou ? Vous vous attendiez à un homme seul, avec un passé violent et ayant subi une quelconque maltraitance ? L'être humain est bien plus complexe que cela...

Je ne peux pas vous en dire plus. Je ne peux pas vous raconter mon passé. Mon présent. Ni même vous exposer mon futur - ou celui que j'envisage. Cela reviendrait à vous dire qui je suis. Petit sourire. Je suis le Photographer - j'aime la photographie et l'art en lui-même. J'aime qui je suis. J'aime ce que je représente. Et je n'ai pas l'intention d'arrêter.